L'asthme est une affection pulmonaire chronique qui touche des millions de personnes de tous âges à travers le monde. Il évolue par crises successives pendant lesquelles il se caractérise par une inflammation aiguë des voies respiratoires qui réduit leurs calibres et leurs capacités à acheminer l’air vers les alvéoles pulmonaires. Pendant une crise d’asthme, les symptômes les plus courant sont donc des difficultés respiratoires avec des sifflements et une sensation d'oppression thoracique. Selon le Réseau mondial pour l'asthme, plus de 330 millions de personnes souffrent de cette maladie à travers le monde et la prévalence de la maladie est en constante augmentation, surtout dans les grandes villes. La prévalence de l’asthme est difficile à mesurer, mais certaines estimations la situe entre 1 et 18% avec les plus forts taux dans les pays à faibles ressources. Au Burkina Faso, une étude situait la prévalence de l’asthme à 7,3% en milieu scolaire en 2006. C’est donc un important problème de santé publique du fait de la morbidité et de la mortalité propre à la maladie, ainsi que des pertes économiques et des répercussions sociales qui y sont associées.
L'asthme est une maladie complexe qui dépend de certaines prédispositions génétiques. Les personnes atopiques qui ont une plus grande tendance à développer des réactions allergiques à diverses matières, sont plus susceptibles de développer un asthme. Malgré le déterminisme de l’hérédité, la survenue de la maladie et surtout la répétition des crises dépend en grande partie des conditions environnementales du sujet asthmatique. La connaissance des facteurs environnementaux modifiables permet donc aux patients et aux soignants de renforcer la prévention des crises et d’améliorer la qualité de vie des patients.
La pollution de l'air intérieur dans des maisons mal aérées est un facteur de risque majeur pour l'asthme. En effet, plusieurs polluants domestiques sont associés à la survenue et à la répétition des crises d’asthme. De nombreux allergènes dans les maisons sont impliqués dans l’asthme et d’autres maladies allergiques. Ce sont principalement :
- les acariens qui sont de petits parasites qui se développent principalement dans les literies, et qui se retrouvent dans les poussières à l’intérieur des habitations ;
- les poils des animaux domestiques (chiens, chats…) ;
- les blattes et les cafards qui se développent dans les toilettes et les cuisines en se nourrissant de résidus alimentaires ;
- les moisissures et leurs spores qui se développent à la faveur de la chaleur et de l’humidité et qui polluent l’air intérieur ;
- la fumée de tabac chez le fumeur et les personnes exposées passivement qui contribue fortement à la survenue de l’asthme et à la multiplication des crises, tout en réduisant l’efficacité de certains médicaments utilisés dans le traitement ;
- les fumées de cuisson liées à la combustion de gaz, de pétrole ou de biomasse (charbon, bois, tiges, feuilles) qui contribuent à la pollution de l’air intérieur ;
- les produits de nettoyage, les parfums et désodorisants intérieurs qui apportent aussi leur lot d’allergènes dans l’environnement domestique.
La pollution de l’air extérieur par les particules fines, le dioxyde de souffre, les poussières de diverses matières, les pollens de certaines plantes constitue aussi un facteur de risque pour les populations.
Sur les lieux de travail, l’exposition professionnelle à certaines substances dans certains métiers peut être responsable de l’asthme ou favoriser la répétition des crises.
D’autres facteurs comme le coup de froid, le stress émotionnel, les activités physiques intenses, le surpoids et les infections pulmonaires peuvent aussi contribuer à la maladie et à ses crises.
La maladie asthmatique est plus rencontrée dans les zones urbaines sans doute en raison de la pollution atmosphérique, de la pollution intérieure et de l'exposition à des allergènes spécifiques à la ville.
La prévention des crises d'asthme est essentielle pour améliorer la qualité de vie des patients et réduire les risques de complications graves. En plus de l'utilisation régulière de médicaments spécifiques, l'évitement des déclencheurs environnementaux connus est indispensable pour le bon contrôle de la maladie. Il est donc essentiel de sensibiliser et d'éduquer les populations sur les risques et de promouvoir des mesures visant à améliorer la qualité de l'air et à réduire l'exposition aux allergènes. Agir sur l’environnement est primordial pour réduire les symptômes et prévenir les complications graves, d’où la nécessité de l’éducation et de la sensibilisation des populations et surtout des malades et leurs entourages familiaux. La prise en charge de l’asthme doit nécessairement combiner un traitement médical et une aide personnalisée pour l’amélioration de l’environnement immédiat du patient.
Par Dr Amadou Ouedraogo