Santé : voilà un des mots que les hommes prononcent le plus, et ce dans différentes situations de la vie courante. Dans plusieurs langues et dialectes africaines et d’ailleurs, le mot « santé » fait partie des expressions de salutations basiques dans les interactions humaines. Cela traduit sans doute le fait que dans toutes les sociétés, la santé est perçue comme la principale "richesse" à avoir. Pourtant, définir la santé reste difficile et les acceptions varient d’une personne à une autre, d’un groupe ethnique à une autre, d’une culture à une autre, etc. Dans certaines cultures, en Afrique et ailleurs, être en bonne santé est très souvent perçu comme le fruit de la chance (hasard), de la providence divine ou de la bienveillance des ancêtres. La maladie ou l’accident pouvant être naturel ou le fait de mauvais génies, ou encore le fait de la sorcellerie. Ces perceptions et représentations qui ne sont pas toujours effacées par le raisonnement cartésien de l’instruction moderne, conditionnent parfois les pratiques et les comportements de recherche d’une meilleure santé.

Bien que très souvent définie par l’absence de maladies ou la possession d’une certaine capacité physique, on peut bien dire que la santé de l’Homme est une ressource qui lui permet de s’assumer physiquement, mentalement et socialement au quotidien.

L’organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social et (qui) ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Cette définition permet de structurer la réflexion et l’action en santé autour de la promotion de la santé, la prévention des maladies et l’organisation des soins. On le sait bien, la santé est la résultante des interactions entre les facteurs génétiques, socioéconomiques, environnementaux, comportementaux, etc. Au cours de sa vie, tout individu oscille entre la situation de parfaite santé et la situation de non-santé (maladie ou mal-être) dont l’extrémité est la mort. Il s’agit donc d’un état (situation dans le temps) constamment dynamique et qui dépend des déterminants de la santé et des capacités de résilience des personnes.

Tous les individus n’ont pas les mêmes chances en matière de santé. Des différences importantes dans l’exposition aux facteurs de risque sanitaire ainsi que dans l’accès à la prise en charge génèrent des inégalités entre les pays, entre les régions d’un même pays, entre les communautés, entre les individus, etc. Bien que ces inégalités ne soient pas une fatalité, les mesures pour leur réduction sont souvent négligées ou incomprises, surtout dans les pays en développement.

La bonne santé est une construction perpétuelle des individus, des familles, des communautés et des Etats. Les politiques publiques, en jouant sur les déterminants sociaux de la santé, doivent constituer un levier majeur pour promouvoir la santé des populations. L’éducation à la santé devrait être renforcée par les différents acteurs opérationnels afin de permettre de modifiés les représentations sur la santé et la maladie qui ne favorisent pas la santé, et de donner aux personnes et aux communautés les aptitudes nécessaires pour atteindre et conserver le meilleur état de bien-être possible.

La santé pour tous, loin d’être un simple slogan, devrait être la préoccupation première de tout Etat, de toute collectivité territoriale et leurs communautés. Protéger la santé des populations, renforcer les capacités et les pouvoirs des individus et des familles, et faciliter l’accès à des soins préventifs et curatifs de qualité doivent être prises en compte dans toutes les politiques pour espérer atteindre « la santé pour tous », particulièrement en Afrique.

Dans des contextes caractérisés par des niveaux de pollution de plus en plus grandes, un double fardeau nutritionnel, une précarité socioéconomique, des catastrophes naturelles plus nombreuses liées au changements climatiques, des crises humanitaires, l’insécurité, les guerres et une anxiété permanente liée aux conflits et à la précarité, la santé est aujourd’hui une quête de tous les jours qui requiert l’engagement de tous.

Par Dr Amadou Ouedraogo